La Galerie Dumonteil présente une exposition dédiée aux dessins d’André Maire, peintre-voyageur français et figure emblématique de la peinture décorative du XXe siècle. Plus de 20 oeuvres sur papier créées au cours de son deuxième voyage en Indochine (1948-1958) seront présentées dans l’espace shanghaïen de la galerie. Cette première exposition de l’artiste en Chine intervient après trois rétrospectives majeures du travail de Maire en Europe : au Musée Cernuschi (Paris, 2012-13), au Musée de La Piscine (Roubaix, 2009), et au Musée des Années Trente (Boulogne-Billancourt, 2001).
Regroupant des dessins réalisés pendant son dernier voyage en Indochine, l’exposition est une invitation à découvrir le travail de cet artiste aventureux, contemplatif et humaniste. Du Laos au Cambodge en passant par le Vietnam, l’oeuvre de Maire offre un regard poétique et sensible sur les lieux qui l’ont inspiré. Il avait l’habitude de faire de nombreux croquis lors de ses voyages qu’il utilisait par la suite comme documentation pour ses grands format, combinant ses souvenirs et son imagination. Dans cette série centrée sur l’étude de l’art khmer et des croyances bouddhiques autant que sur l’observation des sites culturels et de la vie quotidienne du peuple, André Maire a utilisé le fusain pour dessiner l’arrière-plan et la sanguine pour mettre en valeur les détails. S’attachant à représenter les bouddha, les espèces rares, l’architecture exotique et les espaces naturels, il montre son profond respect pour la richesse des cultures. Si le début du XXe siècle a été marqué par différents mouvements artistiques révolutionnaires, André Maire n’a eu de cesse de se focaliser sur la réalité figurative, jouant le rôle d’un explorateur curieux. Observer son travail ce n’est pas seulement entrer dans son monde mais c’est surtout expérimenter notre monde commun.
Jeune étudiant à l’Ecole des Beaux-Arts, il y rencontre son mentor et futur beaux-père, l’artiste post-impressionniste Emile Bernard. Bernard fut une grande source d’inspiration pour lui. Il lui donna une formation classique, lui enseigna les techniques de peinture, l’utilisation des couleurs et l’importance de la composition. Les grandes qualités techniques des dessins de Maire montrent l’influence des grands dessinateurs italiens et particulièrement des oeuvres du Piranèse. Très tôt, il trouve son propre style et s’affranchit de l’influence de ses prédécesseurs.
La longue carrière de Maire est étroitement liée aux nombreux voyages qui ont marqué sa vie. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il est envoyé en Indochine française, au Vietnam. Il devient ensuite professeur de dessin à Saigon. Alors en poste au Vietnam, il voyage au Cambodge et découvre un endroit qui va le fasciner : Angkor. Il réalisa de nombreux dessins des sites d’Angkor utilisés pour la grande Exposition Coloniale de 1931 à Paris. De retour en France, il continue ses voyages en Italie, notamment à Venise, et en Espagne. Entre 1938 et 1945, il voyage en Egypte, en Inde, à Ceylan et en Afrique. De 1948 à 1955, il travaille comme professeur à l’Ecole supérieur d’architecture de Saïgon. Il produit alors de nombreux dessins orientalistes et des panneaux décoratifs sur le Vietnam, le Laos et le Cambodge, dans un style art déco très moderne, pure et stylisé. Il est connu pour ses dessins au fusain, à l’encre et à la sépia ainsi que pour ses aquarelles et ses gouaches.
Ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées. En 1934, la peinture « Le pont de Tolède » est acquise par le Musée National d’Art Moderne (Centre Pompidou); en 1936 c’est la ville de Paris qui achète l’oeuvre “Espagne - Pont à Cuenca”; en 1945 le Musée des Colonies achète les oeuvres sur l’Egypte et l’Inde, le Musée Guimet acquiert les dessins d’Angkor, les dessins d’Afrique et d’Asie sont achetés par le Musée du Quai Branly et le Musée d’art moderne de Troyes et enfin l’oeuvre « La citadelle du Caire » est aujourd’hui conservée au Musée de La Piscine, Roubaix.
Le travail d’André Maire est riche, construit et évolutif. La collection de bois gravés appelée Saigon, les paysages vénitiens à la sépia, de l’Afrique, d’Angkor et du Laos, toutes ses oeuvres ne sont pas seulement des représentations de lieux mais surtout témoignage de son respect et un hymne à toutes les cultures. Ses voyages et ses oeuvres attirèrent l’attention et reçurent le soutien de ses contemporains. Inspiré par la mémoire du voyage, il continue à créer jusqu’à la fin de sa vie, révélant ainsi sa passion pour la vie et sa curiosité insatiable du monde.
Accompagnant l’exposition, la publication éditée par la galerie Dumonteil contient des extraits des textes de Lorédana Harscoët-Maire et de Bruno Gaudichon & Josette Galiègue, conservateurs en charge de la rétrospective au Musée de La Piscine en 2008.